Question de : Manon (24 ans)

La question : Peut-on attendre une diminution de la longueur des cathéters des pompes à insuline pour éviter l’injection qui irait trop en profondeur et pourrait toucher le muscle pour certaines personnes par exemple les enfants et impacterait la délivrance de l’insuline ? La plupart des hyperglycémies sont-elles dues à des problèmes de cathéters ?

Réponse du diabétologue

A ma connaissance il n’y a pas de projets pour des cathéters plus courts. Pour éviter des injections trop en profondeur chez les enfants ou chez les adultes très maigres traités par pompe à insuline on a tendance à choisir des cathéters tangentiels, souvent en insertion manuelle. Éventuellement on peut même recourir à des aiguilles métalliques. Le choix des cathéters est à discuter avec votre diabétologue et votre équipe infirmière et doit rentrer en compte dans le choix du modèle de pompe. En ce qui concerne la proportion des problèmes de cathéters en tant que responsables des hyperglycémies, il est difficile de donner des chiffres. En cas d’hyperglycémie il faut d’abord se poser la question d’une sous-estimation des glucides ingérés ou d’un retard ou oubli de bolus, toujours possible. En l’absence de ces éléments, surtout si l’hyperglycémie est durable et que des bolus de correction sont inefficaces il faut bien entendu penser rapidement à un problème de cathéter et ne pas hésiter à changer le cathéter ou le pod. Pour les personnes sous boucle fermée, toute hyperglycémie au réveil (au-dessus de 160 mg/dL) ou hyperglycémie à plus de 250 mg/dL pendant 3 heures consécutives doit faire évoquer en premier lieu un problème de cathéter. Il faut alors vérifier la présence éventuelle d’acétone en quantité excessive dans le sang (ou les urines) et en cas de cétonémie au-dessus de 0,5 mmol/L, changer le cathéter (ou le pod) et faire une injection d’insuline rapide au stylo en majorant la correction calculée (ou suggérée par la pompe) selon les modalités discutées au préalable avec votre diabétologue. Et rappelez vous que lorsqu’on vit avec un diabète de type 1, toute douleur abdominale, toute présence de nausées et a fortiori de vomissements doit être considérée – jusqu’à preuve du contraire – comme étant due à une cétose et doit amener à vérifier la cétonémie et bien entendu ensuite agir en conséquence en cas de taux au-dessus de 0,5 mmol/L. Il est très important – et même vital – de s’en souvenir. J’espère avoir répondu à votre question.

Question de : Mélanie (28 ans)

La question : Je suis sous pompe et vais passer sous boucle fermée, où puis-je poser mon cathéter pour alterner les sites de pose ?

Réponse du diabétologue

Si vous passez sous boucle fermée, cela implique que vous êtes sous pompe depuis au moins 6 mois et vous avez donc l’habitude de ne pas insérer votre cathéter toujours au même endroit. Le passage en boucle fermée entraîne peu de différence si ce n’est que dans la très grande majorité des cas les personnes utilisaient auparavant un capteur FreeStyle Libre inséré sur la face postérieur du haut du bras et que maintenant elles vont porter un capteur généralement au niveau de l’abdomen où la mise en place des capteurs actuellement utilisés pour la boucle fermée (Medtronic et Dexcom) est souvent plus pratique. Rappelons en revanche qu’il ne faut en aucun cas porter le capteur FreeStyle Libre sur l’abdomen car il n’a pas été validé à cet endroit et l’expérience montre que beaucoup de valeurs ne sont pas fiables quand il est porté à cet endroit. Sachez que rien ne vous empêche de continuer à porter vos cathéters sur l’abdomen. Pour les pompes Tandem il est indiqué par le fabricant qu’il faut respecter une distance de 7,6 cm entre le cathéter et le capteur Dexcom car la diffusion de l’insuline pourrait interférer avec la précision du capteur. A priori, rien n’est indiqué pour les capteurs Medtronic. Il faut faire attention à ne pas partir sur une insertion de cathéter « une fois à gauche, une fois à droite » car de façon quasi-automatique vous allez insérer votre cathéter quasiment toujours au même endroit à chaque fois – le plus pratique pour vous... Il faut essayer d’insérer votre cathéter en suivant une « ligne » (droite ou en zig-zag ou circulaire) d’un côté puis de l’autre, pas trop près du capteur. Et n’oubliez pas pour votre cathéter d’utiliser le haut des fesses, les hanches (bien entendu pas dans les zones directement au contact de l’os), les cuisses en sachant que l’insertion y est souvent moins confortable voire parfois un peu douloureuse : il faut absolument être assis pour une insertion sur les cuisses pour que le muscle soit détendu. Les bras peuvent aussi être utilisés mais le cheminement ensuite de la tubulure sous les habits peut être problématique (sauf parfois pour les femmes qui portent leur pompe dans leur soutien-gorge). N'utilisez pas des sites « personnels » pour vos cathéters (j’ai vu utiliser le thorax ou les mollets ! ...) car vous ne maitrisez plus rien sur la diffusion de l’insuline et il ne faut pas oublier que l’insuline est un facteur de croissance qui va avoir tendance à entrainer un stockage de graisses à l’endroit où l’insuline diffuse. Ce dépôt est vite résorbé si vous changez régulièrement d’endroits dans les sites habituels (abdomen, bras, cuisses, hanches) mais cela peut potentiellement poser des problèmes à d’autres endroits – sans oublier qu’il y a des organes sous la peau... Et rappelez-vous que dans tous les cas vous devez donner la priorité à l’emplacement du capteur dans les endroits validés pour la marque que vous utilisez car en boucle fermée, les données du capteur sont utilisées par le dispositif pour injecter l’insuline. Mais si les données ne sont pas fiables car le capteur n’est pas inséré dans un endroit validé, cela peut être particulièrement dangereux...  

Question de : Joseph (62 ans)

La question : A la sortie du centre initiateur, peut-on bénéficier d’une pompe à insuline sans passer par un prestataire et obtenir le nécessaire en pharmacie comme pour les stylos ?

Réponse du diabétologue

Le traitement par pompe à insuline est encadré par des textes réglementaires et des recommandations d'experts de société savante qui régissent le remboursement des systèmes Le matériel doit être délivré par un "prestataire" qui a certes pour mission de livrer du matériel, mais aussi d'assurer une "formation technique continue" et d'assurer une astreinte technique pour intervention au domicile dans les 12h si besoin. Il doit effectuer des visites à 3 mois puis tous les 6 mois en lien avec le centre initiateur prescripteur. Il est précisé dans le journal officiel que l'intervenant doit être un "infirmier ou le pharmacien d'officine". L’intervenant doit être formé à l’insulinothérapie ou “environnement médical” (formation validée par des experts cliniciens) et formé techniquement aux pompes à insuline par les fabricants. Il doit également participer au moins une fois par an à une formation continue sur les pompes. L’intervenant doit également avoir été préalablement formé et habilité par le fabricant au fonctionnement du système". Il est donc important qu'il soit formé aux pompes à insuline, capteurs, mais aussi au diabète pour assurer un accompagnement de qualité et assurer l'efficacité et la sécurité du traitement. Il y a très peu de pharmaciens jouant actuellement ce rôle de façon isolée, mais il existe un structure prestataire associant infirmiers et pharmaciens dans des rôles complémentaires, en accord avec la réglementation. Ainsi vous ne pouvez pas seulement récupérer du matériel à la pharmacie, sans prestataire. Vous devez avoir un prestataire qui assure l'ensemble des missions et l'intervenant peut être un infirmier ou un pharmacien "habilité". En revanche vous pouvez donner comme adresse de livraison votre pharmacie pour vous faciliter la réception des colis, et l'infirmier prestataire assurera les rôles précédemment décrits.