Avoir des enfants lorsque l’on est une femme diabétique

Avoir un projet de grossesse est un beau projet mais qui va toutefois bouleverser votre quotidien. Avec un diabète de type 1 ou de type 2, la grossesse nécessite quelques aménagements particuliers : celle-ci doit être programmée et préparée car il faut gérer au mieux la glycémie de la conception à l’accouchement.


Tomber enceinte lorsque l’on est diabétique de de type 1 ou de type 2 implique de prendre certaines précautions pour garantir la bonne santé de l’enfant et de la maman. On dit parfois qu’une « grossesse diabétique » dure 12 mois. En effet, il faut d’une part programmer la grossesse, et d’autre part réunir les conditions biologiques optimales dès 3 mois avant la conception. Un suivi précis est ensuite réalisé pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement.

En tant que femme diabétique, il faut éviter les grossesses “surprises” ou repérées tardivement. Un diabète mal équilibré et une grossesse non encadrée exposent le fœtus et la future maman à des risques dès les premiers mois. Il est donc souvent conseillé aux femmes qui souhaitent tomber enceinte d’en discuter avec leur diabétologue afin d’effectuer tous les bilans nécessaires pour vérifier leur état de santé. Avant la conception, on mesure généralement l’hémoglobine glyquée (HbA1c) pour savoir si un diabète est bien équilibré. Celle-ci doit être comprise entre 6 et 6,5 %.

Quels risques en cas de grossesse ?

La grossesse diabétique peut exposer le bébé et la maman à des complications. Les malformations, notamment cardiaques, sont plus courantes chez les bébés de mamans dont le diabète n’est pas équilibré pendant la grossesse. L’hydramnios, qui n’est pas spécifique aux femmes diabétiques, mais qui est fréquent en cas de diabète, est une augmentation du liquide amniotique. Cet excès provoque une distension de l’utérus et de la poche des eaux, augmentant ainsi le risque d’accouchement prématuré par rupture de la poche. On le repère lors des échographies, ou lors de la mesure de la hauteur utérine.

Le diabète, associé à un déclenchement de l’accouchement, le plus souvent 3 semaines avant terme, peut ensuite entraîner des problèmes respiratoires à la naissance dus à un manque de maturation pulmonaire.

Enfin, la dystocie des épaules est une complication possible de l’accouchement d’un bébé macrosome par voie basse. Les épaules « bloquent » lors de la délivrance, rendant l’accouchement plus long et plus difficile, et entraînant des risques pour la mère comme pour l’enfant. C’est pour cette raison que les obstétriciens privilégient la césarienne dans certains cas.

Lorsque la grossesse est programmée, que l’hémoglobine glyquée à la conception est sous les 6,5 % et que les objectifs glycémiques sont maintenus tout au long de la grossesse, la fréquence des malformations est la même que chez les femmes non diabétiques. Dans ces conditions, les risques de mort fœtale sont eux aussi réduits.

Un suivi renforcé pendant la grossesse

Un suivi précis est nécessaire pendant la grossesse, car cette période provoque des fluctuations glycémiques et des variations des besoins en insuline.

La grossesse est naturellement diabétogène, et peut même parfois déclencher un diabète temporaire dit “ gestationnel ” chez les femmes qui ne sont pas diabétiques. Une grossesse peut également révéler un diabète ancien passé inaperçu. Le déséquilibre glycémique potentiellement engendré peut ainsi être dangereux pour la mère diabétique et le fœtus.

Concernant les besoins en insuline, le troisième trimestre se caractérise généralement par des besoins multipliés par deux ou plus, qu’il faut compenser par des injections pour que les glycémies restent normales. Durant les dernières semaines, les besoins en insuline se stabilisent ou baissent un peu, en raison du vieillissement du placenta et de la consommation plus importante en glucose par le bébé.

Des hypoglycémies et des hyperglycémies surviennent inévitablement au cours d’une grossesse. Il faut tenter de les éviter ou essayer de faire en sorte que celles-ci ne durent pas.

Pendant la grossesse, plusieurs examens et des rendez-vous réguliers avec un diabétologue sont conseillés pour s’assurer que tous les paramètres biologiques sont corrects. La fréquence des suivis varie selon les femmes enceintes, les maternités et les diabétologues.

En plus des analyses sanguines réalisées habituellement chez les femmes enceintes, les spécialistes recommandent de faire une HbA1c ou une fructosamine une fois par mois en cas de diabète. La fructosamine renseigne sur l’équilibre glycémique, comme l’HbA1c, mais sur une période plus courte de deux à trois semaines. Un à trois fonds d’œil sont également préconisés : un fond d’œil tous les trois mois s’il n’y a pas de rétinopathie, et tous les mois ou plus souvent en cas de rétinopathie préexistante à la grossesse.

Des échographies sont réalisées pour surveiller la croissance du bébé, sa prise de poids et la quantité de liquide amniotique, particulièrement en fin de grossesse. Cela en plus des échographies trimestrielles habituelles pour toute future maman. Une échocardiographie, réalisée par un cardiologue, peut être prescrite par le gynécologue. Celle-ci est plus précise qu’une échographie standard, et a pour but de détecter une éventuelle malformation ou, en fin de grossesse, un épaississement des parois du cœur du bébé.

Dans les dernières semaines de la grossesse, des monitorings réguliers sont en général effectués, pour surveiller le rythme cardiaque de bébé. La fréquence varie beaucoup en fonction des services, d’une fois par jour à deux fois par mois, en fonction des résultats des examens précédents.

Faut-il adopter une alimentation particulière, et modifier son traitement ?

Une bonne alimentation aide à maintenir l’équilibre glycémique. Diabétologues et diététiciennes peuvent ainsi aider à déterminer avec la future maman le bon régime alimentaire et les quantités de glucides au début et en fin de grossesse. En général, les besoins nutritifs d’une femme enceinte sont les mêmes que pour toute personne : il faut manger varié et équilibré.

Concernant le traitement, celui-ci sera adapté ou modifié pour conserver l’équilibre de la glycémie (passage à l’insuline pour les femmes diabétiques de type 2, utilisation temporaire d’une pompe à insuline, modifications des doses…). En effet, les besoins en insuline augmentent beaucoup vers le sixième mois de la grossesse, pour quasiment doubler en fin de grossesse.

L’équilibre glycémique étant plus strict pour une femme diabétique enceinte l’insulinothérapie par injection ou par pompe est nécessaire. La pompe à insuline peut d’ailleurs s’avérer très efficace pour lutter contre les fluctuations de la glycémie.

La pompe à insuline, un facilitateur pour la gestion de la glycémie
La pompe à insuline présente beaucoup d’avantages pour les futures mères qui en sont porteuses. Ce dispositif peut toutefois engendrer quelques inconvénients, qui peuvent être prévenus par une surveillance attentive. Notamment, les cétoses apparaissent plus rapidement chez les personnes diabétiques sous pompe (ce qui pose un risque d’acidocétose pouvant être mortelle pour le foetus), et l’éventualité qu’une infection cutanée se développe au niveau du site d’insertion du cathéter est plus probable. Cela peut entraîner un abcès, puis une hyperthermie susceptible de déclencher le travail. Pour commencer à utiliser une pompe, la formation des patientes et des équipes est donc indispensable.

Face aux fluctuations importantes des besoins en insuline au cours de la grossesse, la pompe à insuline permet d’améliorer la gestion du débit basal, en particulier la nuit, et d’assurer une couverture optimale des périodes post-prandiales.

Pour Isabelle, 34 ans, “ La manipulation de la pompe (changement de cathéter, réglages des doses d’insuline) demande une formation et un peu d’entraînement mais on acquiert des automatismes très rapidement, cela ne m’a posé aucune difficulté. Ma grossesse est maintenant terminée, et la pompe ne me manque pas ! Mais je ne regrette pas de l’avoir eu, elle a quand même facilité ces quelques mois.”

Autre témoignage, celui de Lydia : “Après avoir pris la décision de fonder une famille, mon infirmière et mon docteur m’ont bien expliqué qu’il était important d’avoir un excellent équilibre glycémique avant et pendant la grossesse. Ils m’ont recommandé de changer mon traitement par multi-injections pour passer à la pompe à insuline. Après l’avoir fait, mon HbA1c est descendue en dessous de 6%, je n’ai pas eu de fortes variations glycémiques pendant ma grossesse et mon accouchement s’est très bien passé. Avoir une pompe à insuline m’a vraiment aidé à avoir un bébé en bonne santé ”.

Pour en savoir plus :

le forum de l’Association Française des Femmes Diabétiques 

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