Témoignage :
Mon diabète s’est déclaré dans l’enfance, vers 9 ans. Pendant mes études, j’ai fait prépa et passé les concours des grandes écoles. La période des études c’est un peu le flou artistique concernant le diabète et les conseils qu’on peut recevoir. Le diabète n’aime pas trop être bousculé et pendant les études c’est un peu ce qui se produit : on a des cours décalés, des journées perturbées, et on a un peu l’impression de courir après son diabète. D’autant plus que les examens, les départs à l’étranger, demandent de s’adapter fréquemment à des situations nouvelles. Je suis partie notamment un an à Dublin, et il fallait bien anticiper pour gérer les choses.
Au début de mes études, je ne savais pas que j’avais droit à un tiers temps en période d’examens. Je n’avais juste pas pensé à demander un aménagement, mais je le conseille vivement à toute personne diabétique ! Le stress provoque des troubles de la glycémie, et les aménagements permettent d’avoir un environnement convenable pour passer ses épreuves, et bénéficier de temps additionnel.
En prépa je ne me souviens pas de m’être vraiment occupé de mon diabète, j’étais concentré sur les cours, et j’ai fait un peu de déni. Au bout d’un moment j’ai trop tiré sur la corde, je faisais des hyperglycémies, et mon corps était fatigué. J’ai fini par faire un malaise et j’ai compris qu’il fallait que je prenne soin de mon diabète en priorité. C’est à ce moment que je suis passé sous pompe, c’était tout une nouvelle adaptation. J’étais réticente au début, car je n’avais pas envie d’avoir quelque chose sur moi en permanence, mais en réalité c’était génial : je pouvais avoir toutes les informations en un coup d’oeil, valider simplement les bolus, et la pompe me permettait de gérer la flexibilité et l’imprévisibilité de la vie étudiante.
Les soirées c’est très compliqué, on ne sait pas combien de temps on va danser, où on va aller, comment on va rentrer… Il ne faut pas être trop strict avec soi-même, et profiter car cela fait partie de la vie étudiante. Le diabète ne peut pas être parfaitement équilibré en soirée. Personnellement j'avais tendance à manger une bonne portion de féculent avant, pour essayer de stabiliser la glycémie. Après plusieurs soirées je me suis rendue compte que certains alcools ont moins d’impacts que d’autres, comme le vin blanc sec. En revanche, la bière et les cocktails faisaient beaucoup monter la glycémie, donc j’évitais d’en consommer. Et j’avais toujours une copine qui était au courant de mon diabète, pour m’aider si besoin. L’alcool et les soirées sont en tout cas un vrai sujet avec le diabète, il faut profiter mais ne pas perdre le contrôle de soi même.
Concernant l’alimentation, le budget étudiant peut impliquer une alimentation moyennement saine, les repas des restaurants universitaires sont très riches en glucides, et il faut aussi s’adapter à ça. Il faut trouver un compromis entre le budget, les apports nutritifs et le diabète. Mais un plat de pâtes, par exemple, c’est accessible, et on sait ce qu’il y a dedans.
C’est plus dans les situations sociales, quand on va manger quelque chose au restaurant, au kebab du coin, que ça peut devenir compliqué. On a pas envie d’embêter tout le monde en disant qu’on veut manger une salade, alors on suit le mouvement, et parfois on se met en difficulté. Petit à petit j’ai mis mes limites, et j’essaye à chaque fois de faire le meilleur compromis possible. A la fois pour rester avec le groupe, et pour manger les plats les plus équilibrés qui auraient un impact moindre sur la glycémie. On peut aussi lâcher les manettes parfois, à partir du moment où on gère ensuite son diabète. Il faut savoir trouver le juste milieu.