La pompe à insuline a profondément changé la vie de nombreuses personnes diabétiques. Composé d’un boîtier contenant un réservoir à insuline et des composants électroniques, ce dispositif plus ou moins discret, relié au corps par une fine tubulure et un cathéter, permet de contrôler de façon exacte la quantité d’insuline administrée. Grâce à elle, finies les multiples injections au stylo, avec tout l’inconfort que cela engendre au quotidien !
Et contrairement à certaines idées reçues, la pompe n’est pas réservée aux personnes diabétiques de type 1. Elle est en effet tout à fait recommandée à certaines personnes atteintes de diabète de type 2, pour qui elle peut apporter un meilleur confort de vie ainsi qu’un réel bénéfice thérapeutique.
Pour en savoir plus, le bon réflexe est de se rapprocher d’un diabétologue hospitalier ou en clinique qui pourra vous conseiller en fonction de votre situation et entamer éventuellement la mise sous pompe. Rencontre avec le Professeur Michael Joubert, directeur du service d’Endocrinologie-Diabétologie du CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Caen.
Peut-on bénéficier du traitement par pompe à insuline si on est diabétique de type 2 ?
Oui, mais sous conditions. Il est important que le patient soit déjà rentré dans un schéma de multi-injections avec un stylo, et ne soit donc pas sous seul traitement oral. Il faut en effet savoir que, lorsque l’on passe sous pompe, il est indispensable de garder un stylo en secours. En vacances, notamment si on se baigne fréquemment, ou en cas de défaillance, il arrive que l’on doive déconnecter la pompe et reprendre les injections. Il est donc nécessaire d’être passé par un traitement par injection au stylo auparavant, et de bien le maîtriser, pour éventuellement prendre le relais de la pompe.
Quels sont les principaux avantages de la pompe à insuline, par rapport au traitement par multi-injections ?
Il y a déjà un intérêt thérapeutique, pour un profil particulier de patients, dont le diabète n’est pas équilibré malgré un schéma de multi-injections. La grande étude internationale Op2mise* a montré que l’utilisation d’une pompe apporte un réel bénéfice métabolique, lorsque le traitement par multi-injections est en échec malgré une dose d’insuline au moins égale ou supérieure à 0,7 unité par kilogramme et par jour. Le diabète est alors mieux contrôlé, mieux équilibré. La pompe est donc particulièrement recommandée pour ces profils.
Ensuite, en France, on peut bénéficier de la pompe à insuline pour des raisons de qualité de vie. Il s’agit ici de personnes diabétiques de type 2 sous multi-injections basal-bolus, dont le diabète est équilibré, mais qui souhaitent l’utiliser pour améliorer leur confort au quotidien et ne plus avoir à se faire des injections tous les jours. C’est en effet le grand intérêt de la pompe : il est plus commode d’avoir son traitement toujours sur soi, avec un accès permanent. Elle permet enfin un meilleur contrôle glycémique, ce qui fait que les patients peuvent se sentir mieux, plus en forme, notamment pour ceux chez qui le diabète n’était pas bien équilibré.
Le traitement par pompe est-il adapté en cas de pluri-pathologies, notamment en cas de dépendance ou de perte d’autonomie ?
Oui, tout à fait, il n’y a pas vraiment de contre-indications. Nous savons même par expérience que le traitement par pompe peut être partiellement ou totalement géré par une tierce personne, un prestataire de santé ou un membre de la famille par exemple. Ainsi, il peut être tout à fait adapté à des patients en perte d’autonomie ou qui connaissent des troubles sensoriels (auditifs ou visuels, par exemple), des problèmes de manipulation, causés par de l’arthrose, par exemple.
Et côté inconvénients ?
La pompe implique d’être toujours connecté à un système : il faut porter sur soi un cathéter ou un patch et dans un cas comme dans l’autre, il peut y avoir un inconfort cutané voire une allergie en lien avec l’adhésif. Il y a également des patients qui peuvent ne pas très bien vivre le fait d’avoir un dispositif en permanence sur eux, qui leur rappelle leur maladie. On remarque cependant que cela est plus vrai pour les personnes diabétiques de type 1, souvent plus jeunes et chez qui cette problématique d’image corporelle est parfois plus importante.
A quel moment peut-on se poser la question de passer sous pompe ?
Il faut se poser la question lorsque l’on est dans une situation d’insulinorequérance en multi-injections basal-bolus, soit lorsque les objectifs métaboliques ne sont pas atteints ou soit lorsque le fardeau des injections quotidiennes est trop lourd et que l’on veut gagner en confort de vie.
Et quelle est la bonne démarche à effectuer ?
Il est impératif de prendre d’abord contact avec un centre d’initiation de pompe à insuline comme un service de diabétologie à l’hôpital ou un diabétologue libéral travaillant dans une structure pluriprofessionnelle. La mise sous pompe nécessite une éducation thérapeutique du patient ou de son entourage et il faut que le processus soit mené par une équipe médicale habituée à faire cela.
Comment cela se passe-t-il ?
Cela commence par une consultation, où l’on explique les bénéfices, les inconvénients, pourquoi on lui propose…Vient ensuite une visite à domicile par un prestataire de santé, qui va former le patient sur la manipulation du dispositif. On procède enfin à une hospitalisation pour installer la pompe, soit en ambulatoire sur une journée, soit sur quelques jours. La durée dépend du degré d’autonomie du patient et de son appétence pour utiliser des outils technologiques.
Nous allons ensuite suivre le patient pendant les trois premiers mois pour adapter les réglages de la pompe en situation de vie réelle. Il y a généralement un rendez-vous au bout de 15 jours, puis un autre à 1 mois et à 3 mois, pour s’assurer que tout se passe bien et qu’il y a une bonne compréhension du dispositif et de son fonctionnement par le patient.
Une fois le dispositif installé et validé, quels sont les effets du traitement par pompe, notamment sur l’alimentation ?
Il n’y a pas vraiment de changement. L’alimentation dans le cas d’un diabète de type 2 doit de toute façon être contrôlée, maîtrisée, afin d’éviter une prise de poids notamment. La pompe ne signifie pas en effet que le patient pourra avoir une alimentation totalement libérée.
Est-ce que l’on constate une prise de poids, à la suite d’une mise sous pompe à insuline ?
L’étude Opt2mise* ne montre pas de modification du poids corporel. J’apporte à cela une petite nuance, que nous constatons dans le suivi de notre cohorte de patients. Nous avons tout de même l’impression d’une petite prise pondérale, de 2 à 4 Kg en moyenne, mais qui est plutôt liée au fait que l’équilibre glycémique s’améliore. C’est une prise de poids qui est engendrée à la suite d’une amélioration de l’équilibre global et qui se stabilise rapidement.
*Source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5819069/
Retrouvez le témoignage de Claude, atteint de diabète de type 2 et porteur de pompe à insuline