Comment gérer une hospitalisation et sa pompe à insuline ?

Un séjour à l’hôpital, qu’il soit prévu de longue date ou qu’il s’agisse d’une urgence, peut être une expérience stressante et difficile à vivre. Le fait de s’y préparer à l’avance peut atténuer le stress et aider à mieux gérer son diabète durant toute la durée du séjour. Dans cette situation, le plus important est d’instaurer au plus tôt une communication avec le personnel médical pour exprimer ses besoins, et s’informer sur d’éventuels ajustements de son traitement.

Lorsqu’une hospitalisation est planifiée, il est important d’en parler à l’avance avec son diabétologue. Elle ou il va pouvoir expliquer le protocole médical prévu, et évoquer l’adaptation éventuelle du traitement et des doses d’insuline, grâce à des documents médicaux (compte rendus, protocoles, ordonnances) qui pourront être transmis aux équipes soignantes. Le diabétologue est un partenaire de tous les jours et peut donc aider à préparer une prise en charge à l’hôpital.

A QUI DOIS-JE PARLER DE MON DIABÈTE ET/OU DE MA POMPE A INSULINE ?

Même avant l’admission, il est utile de discuter avec toutes les personnes impliquées dans les soins (chirurgien, anesthésiste, médecin de famille, proches) afin de s’assurer qu’ils disposent tous des renseignements exacts vous concernant. Plusieurs questions peuvent être évoquées à l’avance avec les personnes qui vous prendront en charge à l’hôpital, notamment :
– Qui prendra en charge votre diabète pendant votre séjour ? Serez-vous en mesure de le faire vous-même ?
– Quels ajustements devrez-vous effectuer concernant vos doses d’insuline avant et après la chirurgie ou l’intervention médicale ?
– Quels taux de glycémie sont trop élevés ou trop faibles, relativement aux objectifs glycémiques fixés ?
– Si vous utilisez une pompe à insuline, le personnel de l’hôpital connaît-il ce mode de traitement ?

Informez tous les intervenants que vous pouvez croiser à l’hôpital de votre diabète, et le cas échéant de votre traitement par pompe. Expliquez également aux soignants en quoi consistent le traitement, les risques, et la gestion quotidienne du diabète. De cette manière, le service sera averti de la pathologie, du suivi à faire, et de ce qu’il est nécessaire de prendre en compte.
Cela sera utile notamment pour que les plateaux repas soient adaptés, ainsi que pour l’ensemble du suivi médical.

“Dans le cas où une opération nécessite une chirurgie, il est nécessaire d’avoir un bon « équilibre glycémique”, précise le Professeur Emmanuel Cosson, Chef de service à l’Unité de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) Nutrition-obésité de l’hôpital René-Muret à Sevran. “Pour une bonne préparation à la chirurgie, il faut en discuter avec l’équipe médicale. Certaines opérations nécessitent des analyses préalables, c’est l’anesthésiste qui précise cela au patient avant l’opération.”

QUELS DOCUMENTS MÉDICAUX ET ADMINISTRATIFS FAUT-IL EMPORTER ?

Certains documents médicaux et administratifs sont nécessaires en cas d’hospitalisation. En cas de manque d’insuline, l’hôpital pourra fournir les doses manquantes.

En résumé, il vous est recommandé de prendre :
– les informations sur vos antécédents médicaux, y compris les allergies aux médicaments et aux aliments, les dernières analyses de sang, ainsi que sur les chirurgies et les interventions médicales que vous avez subies ;
– les détails du régime alimentaire que vous suivez à la maison ;
– les ordonnances médicamenteuses, et le protocole d’insulinothérapie ;
– tous les médicaments que vous prenez actuellement, y compris :
– les médicaments pour le diabète : marque, posologie (dosage, fréquence et,heure de la prise );
– si vous prenez de l’insuline : le type d’insuline, le nom, la posologie (fréquence, dosage, le protocole d’adaptation, l’heure de prise);
– vos schémas de remplacement (types et les quantités d’insuline ainsi que le rythme d’injections que le patient doit s’administrer en cas de panne ou d’arrêt d’un traitement par pompe à insuline);
– le protocole à suivre en situation d’urgence, notamment en cas d’hypoglycémie, d’hyperglycémie et de cétonémie, notamment en cas d’équipement par une pompe à insuline;

– les autres médicaments avec ou sans ordonnance (y compris les crèmes et les lotions);
– vos vitamines et autres compléments alimentaires;
– les numéros d’astreintes pour joindre un médecin du centre initiateur du traitement par pompe le cas échéant, ainsi que le numéro du prestataire pour qu’il intervienne en cas de besoin. Celui-ci pourra apporter du matériel et intervenir en cas de panne de la pompe.

QUEL MATÉRIEL DOIS-JE PRÉVOIR POUR LA DURÉE DE MON SÉJOUR ?

Concernant le matériel à emporter, munissez-vous de votre appareil de suivi glycémique, des bandelettes, des lancettes, des stylos, des consommables pour la pompe à insuline, des cathéters… Il faut pouvoir faire face à des pannes ou des défauts de matériel, il est donc conseillé de prévoir plus que nécessaire. Les équipes de soins sont censées avoir un lecteur de glycémie dans le service mais ceux-ci sont parfois en millimole par litre (mmol/L). Il vaut donc mieux emporter le vôtre.

Si vous disposez d’un lecteur de glucose en continu, cela peut être très utile car le suivi de la glycémie sera facilité pour l’équipe médicale. Il est aussi nécessaire d’avoir avec soi les chargeurs pour tous les appareils fonctionnant sur batterie, ainsi que des aiguilles ou des stylos à insuline en cas de besoin du schéma de remplacement, et des bandelettes d’acétone en cas d’urgence car il n’y en a pas toujours dans les services médicaux. Il faut enfin avoir de quoi se resucrer si besoin car c’est parfois compliqué à l’hôpital de trouver les aliments nécessaires !

“Que ce soit pour une hospitalisation complète ou en hôpital de jour, il faut prévoir ses médicaments, sa pompe et tout le matériel nécessaire pour son traitement” ,insiste le Pr Emmanuel Cosson. “Les capteurs de glycémie ne sont pas fournis par les hôpitaux. Il est également impératif de prendre ses carnets de glycémie, sa carte vitale, sa carte de mutuelle, et tout document qui pourrait être utile à l’administration”.

DOIT-ON GARDER LA POMPE PENDANT UNE INTERVENTION ?

Le traitement par insuline ne doit jamais être interrompu, et il est nécessaire de discuter avec son diabétologue pour savoir si la pompe pourra être conservée pendant une opération, notamment en cas d’anesthésie, ou si celle-ci doit être remplacée temporairement. S’il est fréquent de pouvoir garder la pompe, cela peut dépendre de la durée de l’intervention. Si celle-ci s’avère longue, ou si l’équipe médicale n’est pas familiarisée avec les pompes à insuline, il faut parfois utiliser une solution de substitution le temps de l’opération.

De même, si l’anesthésie dure dans le temps et que le patient ne peut pas gérer sa pompe, les équipes médicales préfèrent, en général, recourir à des injections en intraveineuse avec des seringues électriques. Dans ce cas de figure, l’équipe fait un contrôle régulier des glycémies, et adapte les doses d’insuline en fonction. La pompe peut ensuite être ré-utilisée dès que le patient est en capacité de la gérer.

En cas d’examen médical particulier, notamment pour les analyses radiologiques, les IRM, etc., il est nécessaire d’enlever la pompe à insuline. Mais ces interruptions de traitement sont très courtes et ne posent pas de problèmes.

QUE FAUT-IL PRÉVOIR POUR L’OPÉRATION ?

Il est également nécessaire d’avoir préparé en amont la période postopératoire avec l’anesthésiste pour gérer le réveil, la prise en charge après l’opération, et l’adaptation des bolus en fonction des résultats glycémiques. Une opération suscite généralement du stress (avant, pendant et après), il faut donc préparer les choses au maximum avant l’opération pour que tout se déroule au mieux. Un stress physiologique peut également provoquer une variation des besoins en insuline. Une adaptation des dosages en insuline peut alors être nécessaire. N’hésitez pas à contacter le professionnel référent de votre suivi en diabétologie, en cas de besoin.

Le fait d’être bien informé peut rassurer et permet de diminuer le stress lié à une intervention médicale. Il ne faut donc pas hésiter à se renseigner et poser des questions à l’ensemble des spécialistes pour adapter le protocole mis en place. Les associations de patients peuvent permettre en amont d’avoir des retours d’expérience et de mieux anticiper les choses.

Chaque hospitalisation peut être une source de stress, qui peut être minimisée en établissant de bonnes relations avec les équipes médicales. Il est donc très utile de communiquer au maximum avec les intervenants, et de s’assurer qu’ils sauront comment réagir en cas d’urgence. Le personnel soignant doit également évaluer ces capacités et mettre en confiance le patient si il sait bien gérer son diabète et évaluer ses compétences d’auto-soins.

Découvrez les témoignages de Jean-Claude et d’Eric


SOURCES :
Référentiel de la Société Francophone du Diabète (SFD
Prise en charge du patient diabétique en péri-opératoire (fiches simplifiées)
Visioconférence pompe à insuline et hospitalisation avec le Dr Lamotte