Témoignage :
J'ai eu le déclic hier, suite à la visite d'une infirmière de la société qui me loue ma pompe. 16 ans que je suis diabétique insulinodépendante : 16 ans. Ça commence à faire un bout de temps.
Ça fait 5 ans que je suis sous pompe. Avant, j'étais à 6 piqûres par jour : 2 le matin, 2 le midi, 2 le soir. Je ne vous raconte pas l'état de mes bras, de mon ventre et de mes cuisses. Puis mon diabétologue de l'époque m'a conseillé de passer sous pompe. "pour un plus grand confort". J'ai longtemps hésité. Parce que j'avais peur. Peur du regard des autres, peur qu'on me demande trop souvent ce que c'est, cette petite machine. Peur de "remettre ma vie" entre "les mains" d'une machine.
La veille de mon hospitalisation, je me suis retrouvée en boule au fond de mon lit, à pleurer. Non, je ne voulais pas. Non je n'avais pas envie d'afficher aux yeux de tous ma maladie. C'est tout là le problème du diabète : c'est une maladie qu'on ne voit pas, qu'on oublie facilement. Parce que le diabétique à "l'air normal". Alors la pompe, c'était pour moi comme extérioriser ma maladie que je n'acceptais pas. Que je ne voulais pas voir dans mon quotidien.
Puis j'ai passé le cap. Je suis allée à "l'hosto", on m'a mis la pompe et là, j'ai réalisé.
J'ai réalisé qu'en plus d'être "bionique" (grande fan de science fiction que je suis), je pouvais me permettre de vivre "un peu plus normalement". L'une des premières choses que j'ai fait, c'était une grasse matinée. Oh la joie, oh la libération ! Puis je me suis remise au sport, puis j'ai voyagé. J'ai même pris l'avion !
Aujourd'hui, pour rien au monde je ne retournerai aux piqûres (sauf si j'y suis obligée...). Parce qu'une pompe, c'est réellement un confort de vie impressionnant. C'est certes étrange pour les autres mais c'est tellement bien pour nous, diabétiques. Vivre avec son diabète n'est pas facile. On ne peut pas, je pense, comprendre ce que c'est si on n'est pas diabétique. Et encore. Chaque diabétique vit son diabète différemment. Il n'y en a pas deux pareils.
Pourtant, la pompe m'a permis, personnellement, d'accepter un peu plus cette maladie qui rythme, parfois, un peu trop ma vie. Elle m'a aussi permis de retrouver des petits plaisirs que je n'osais plus me permettre parce que j'avais peur des conséquences. La pompe, finalement, m'a permis de vivre mon diabète et non plus de le subir.