Dans les coulisses du soin : une journée avec les infirmières prestataires de santé pour des personnes touchées par un diabète

Une journée avec Virginie, Flavie et Christine, infirmières prestataires de santé diabète

Les infirmières prestataires de santé occupent une place essentielle dans le suivi des personnes atteintes de diabète sous pompe à insuline. Entre visites à domicile, urgences et formations, elles tissent un lien unique entre les médecins et les patients. Nous avons suivi Virginie, Flavie et Christine, trois professionnelles passionnées, qui nous partagent leurs expériences.

Un métier né de vocations diverses

Si leurs parcours diffèrent, ces trois infirmières ont toutes trouvé dans cette spécialité une source d’épanouissement. Virginie, après plusieurs années en chirurgie orthopédique, a ressenti le besoin de quitter l’hôpital : « Cela fait 4 ans que je travaille comme infirmière prestataire de santé dans la région de Tours. Je ne venais donc pas du milieu du diabète. J’ai voulu changer de voie, sortir des hôpitaux. Un poste s’est présenté, j’ai testé et j’ai apprécié. J’interviens aujourd’hui sur 5 départements, cela demande de l’autonomie et beaucoup d’empathie avec les patients. »

De son côté, Flavie, infirmière dans le sud de la France, a vu dans le diabète un défi intellectuel : « Cela fait maintenant deux ans que je suis prestataire de santé, après avoir été auparavant infirmière en psychiatrie. Le diabète m’intéressait et j’avais des envies de changement. C’est une maladie complexe et chaque jour, j’en apprends davantage, c’est très enrichissant. ».

Pour Christine enfin, qui exerce dans la région de Nancy, le diabète est une spécialité de longue date : « J’ai travaillé 35 ans en diabétologie, dont la majorité au CHU de Nancy, où je me suis spécialisée dans l’éducation thérapeutique du patient, avant de rejoindre la prestation de santé en 2012. Je suis aujourd’hui moins sur le terrain, car j’interviens plus en supervision, en tant que responsable d’agence. J’arrive à la retraite, mais je vais reprendre mon humble rôle d’infirmière à mi-temps, car ce que je préfère, c’est le contact avec les patients ! »

Une journée type : entre routine et imprévus

Rythmé par les suivis réguliers, les urgences, les interventions à l’hôpital, le lien avec les centres initiateurs, les compte- rendus de visite et la route, toutes trois racontent un quotidien qui ne se ressemble jamais vraiment. Virginie, qui s’occupe de 130 patients dans cinq départements, explique : « On alterne entre des installations de pompe et des visites de suivi de patients qui ont déjà une pompe, mais il arrive qu’un appel d’urgence chamboule tout, surtout en pédiatrie. »

Flavie, quant à elle, décrit des journées mêlant visites physiques et téléphoniques : « En général, je fais deux à trois visites à domicile par jour mais aussi des appels de suivi. Nous faisons 4 rendez-vous par an : deux rendez-vous physiques, obligatoires, et on assure également deux rendez-vous en distanciel, qui permettent de récupérer les données à distance de la pompe et de faire le point sur les commandes de matériel. Et puis il y a bien sûr toutes les urgences imprévues, pour dépanner des pompes ou des batteries défectueuses, des écrans cassés, etc. »

Un quotidien varié, parfois bousculé, essentiel pour répondre à toutes les situations qui se présentent dans la vie d’une personne souffrant d’un diabète : mise sous pompe, apprentissage, gestion des consommables, imprévus, etc. « Nous avons un rôle évidemment important à jouer, et notamment de faire le lien entre le service prescripteur et le patient. C’est pour cela qu’il faut avoir beaucoup d’empathie, arriver à créer une relation de confiance, sur la durée, et saisir toutes les opportunités pour que les patients améliorent leur observance. » explique Christine.

La mise sous pompe : un accompagnement millimétré

Les mises sous pompe constituent pour les patients un moment crucial dans la prise en charge du diabète. Qu’elles soient programmées, à l’hôpital, en ambulatoire ou en urgence, elles demandent une organisation rigoureuse et une présence quasi quotidienne, notamment dans la première semaine. « Cela commence par de la formation avant la mise sous pompe à proprement parler. Selon les cas, soit c’est en hospitalisation complète, sur une semaine, soit en hôpital de jour. Après, notre travail dépend du centre prescripteur et de son organisation. Il y a des services qui ont des moyens, des équipes soignantes et éducatives, et où on va faire que le suivi, d’autres où nous intervenons pour la mise sous pompe. C’est en fonction de la demande du service. » explique Christine.

Hospitalisation ou ambulatoire, le choix dépend souvent du contexte et du patient. Pour Flavie, « l’ambulatoire, ça peut être pour tous les patients, mais c’est surtout une question de choix de la part du centre initiateur, ou du patient, ou dans le cas d’une prise en charge par un diabétologue libéral. Ceux-ci nous contactent pour faire la mise sous pompe, et si le patient est d’accord, on organise le tout : on les forme, on pose la pompe et on met en place le suivi quotidien, avec des suivis en présentiel et à distance, le changement de cathéter à J+3, et tous les rendez-vous prévus en accord avec le centre initiateur. Tout est précisément organisé et codifié. »

Les enfants représentent souvent un cas particulier, comme l’explique Virginie : « Quand un diabète est diagnostiqué chez un enfant, les parents ont en général 24 à 48h pour décider s’ils vont installer une pompe, choisir le modèle, etc. Il faut donc être là souvent dans la journée ou le lendemain en urgence, pour commencer l’apprentissage avec l’enfant et les parents. »

Un rôle technique et humain

Au-delà des gestes techniques, les infirmières prestataires s’investissent pleinement dans la relation avec les patients. Christine insiste sur l’importance de l’écoute : « Avant de parler technique, je prends la température : comment va le patient, comment il se sent. Les visites découlent souvent de ce qu’il nous dit. » Un lien humain particulièrement crucial, dans une spécialité qui touche souvent à l’intime et au quotidien des patients. « Nous nous immisçons dans la vie des patients, dans leur quotidien, leurs loisirs, leur alimentation. Cela demande beaucoup de tact et d’empathie », ajoute-t-elle. « On entre dans l’intimité du patient. Il faut qu’il soit à l’aise, car si c’est le cas, il va nous dire beaucoup plus de choses et cela permet d’améliorer le suivi. On est ce lien entre lui et le médecin. J’ai eu par exemple un patient en consultation qui m’a dit qu’il avait caché des choses à son médecin, sur le fait qu’il grignotait entre les repas. J’ai pu en discuter avec lui et en faire part au médecin. Pour cela, il faut créer une relation. »

Le défi des nouvelles technologies

Avec l’arrivée de nouvelles technologies, le développement de l’offre de pompe, de nouvelles fonctionnalités, les infirmières prestataires de santé doivent constamment se former, afin de pouvoir répondre à toutes les situations.

« Nous sommes en perpétuelle formation. Les dispositifs évoluent vite, et il faut rester à jour pour accompagner les patients », explique Flavie. « Nous n’avons pas de préférence à émettre, sur le choix de la pompe. C’est le patient ou le médecin qui choisit. Nous, on leur présente toutes les pompes, avec un rôle d’expertise. Si les doses injectées sont importantes par exemple, on ne peut pas proposer n’importe quelle pompe, notamment les pompes patch. Pour cela, nous avons des formations fréquentes, avec les fabricants de pompes. Et quand un nouveau produit sort sur le marché, il y a une formation spécifique qui est organisée. »

« Il y a en effet beaucoup d’avancées technologiques, notamment ces dernières années avec les boucles fermées hybrides. » abonde Virginie. « On se doit d’être à la page, se former, s’informer très régulièrement pour savoir comment ça fonctionne, savoir comment les conseiller, et les accompagner.»

Christine, 63 ans, le reconnaît : « Je me suis sentie un peu dépassée par moments, mais ces évolutions technologiques sont formidables. Avec le recul que j’ai sur la boucle fermée hybride, je peux vous garantir que cela transforme la vie des patients. Cela nous demande d’être à l’aise dans tout ce qui est informatique et téléphonie. On n’a pas le choix, il faut se forcer et se former ! Au début, j’avais peur que notre rôle soit réduit à télécharger des données pour le médecin. Mais je reste convaincue que nous avons un rôle essentiel auprès des patients. »

Un métier gratifiant, qui place l’humain au centre de la relation

Malgré les défis, ces infirmières trouvent un réel épanouissement dans leur travail. Flavie apprécie la diversité des situations rencontrées : « Ce métier est enrichissant, car il allie technicité et relation humaine. Chaque patient est unique. »

« Ce lien avec le patient, c’est quelque chose de très important, dont je me nourris beaucoup. On passe parfois beaucoup plus de temps que l’on devrait, mais je fais cela parce que j’aime mon métier » ajoute Virginie.

Pour Christine, la reconnaissance des patients reste la plus grande satisfaction : « Certes, on passe souvent plus de temps que prévu, mais c’est ce qui me plaît. Ce lien humain qui est au cœur de notre métier. »

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