En France, les patients atteints d’une pathologie chronique, telle que le diabète, peuvent bénéficier d’un suivi médical de qualité et d’une prise en charge à 100% des frais liés à cette affection. Dans le contexte actuel de tensions sur les questions de remboursements de soins, il est de la responsabilité de chacun que les médicaments et dispositifs médicaux remboursés aux patients soient le plus possible en adéquation avec leurs besoins. C’est pourquoi, il est indispensable de bien respecter certaines règles. A cet égard, l’ensemble des acteurs : patients, diabétologues, prestataires de santé, pharmaciens d’officine, est concerné.
L’insulinothérapie par pompe
L’insulinothérapie par pompe est un traitement pris en charge par l’Assurance maladie depuis novembre 2000¹ .
Principe et objectifs du traitement :
La pompe à insuline est un dispositif médical électronique qui délivre en permanence de petites quantités d’insuline (débit basal). Elle permet de délivrer des doses supplémentaires d’insuline (bolus) au moment des repas, lors d’une collation ou en cas d’hyperglycémie. Cet appareil est relié au corps par un système de perfusion discret.
Le traitement par pompe à insuline vise à améliorer le contrôle glycémique en diminuant les risques d’épisodes hypoglycémiques et améliore la qualité de vie des malades (liberté des horaires, souplesse des rythmes). La prise en charge est assurée pour le diabète de type 1 ou de type 2 ne pouvant être équilibré par une insulinothérapie intensifiée par multi-injections sous-cutanées d’insuline. Certains troubles psychiatriques (car ils peuvent rendre le maniement de la pompe ou le suivi médical difficile) et les rétinopathies évolutives constituent des contre-indications à l’insulinothérapie par pompe.
L’insulinothérapie par pompe est assurée après consultation du médecin diabétologue dans un centre spécialisé permettant d’assurer l’éducation du patient à l’utilisation de ce traitement. L’accompagnement médico-technique du patient est effectué par un prestataire de santé à domicile ou le pharmacien d’officine.
Le passage sous ce traitement n’est pas un acte anodin et constitue une décision qui doit être mûrement réfléchie et décidée conjointement par le patient et l’équipe soignante. La motivation est un facteur clef dans l’efficacité du traitement par pompe. Le diabétologue oriente son patient vers le modèle de pompe en adéquation avec ses besoins.
L’accompagnement du patient en insulinothérapie par pompe :
L’initiation d’un traitement par pompe à insuline doit répondre à un certain nombre d’obligations :
– Le centre initiateur (spécialisé) doit confirmer l’indication du médecin diabétologue.
– Ce centre dispose d’une équipe multi professionnelle formée à la prise en charge intensive du diabète, à l’éducation thérapeutique et au traitement par pompe à insuline.
– Le centre pour adultes : doit effectuer au moins 10 initiations de traitement par pompe par an et avoir 25 patients suivis régulièrement.
– Le centre pour enfants : doit assurer le suivi simultané d’au moins 50 enfants diabétiques et le suivi d’au moins 5 enfants sous pompe au terme de deux ans de fonctionnement.
Déroulement :
– Une fois l’indication du traitement par pompe confirmée l’équipe du centre fixe les objectifs thérapeutiques et détermine le choix de la pompe ainsi qu’un prestataire de santé à domicile le pharmacien d’officine en concertation avec le patient.
– L’initiation du traitement par pompe se fait au cours d’une hospitalisation dans le centre durant laquelle le débit basal est défini et une éducation thérapeutique est dispensée. Le prestataire de santé à domicile ou le pharmacien d’officine participe à l’initiation du traitement en assurant la formation technique initiale, si le centre le souhaite.
– Le suivi est ensuite assuré par le prestataire de santé.
– La prise en charge est assurée pour une période de 1 an à l’issue de laquelle sa poursuite est évaluée : efficacité du traitement et état du malade.
La prescription de l’insulinothérapie par pompe
Les médecins diabétologues ont la possibilité de prescrire plusieurs modèles de pompe à insuline. On distingue en France depuis 2016 avec l’arrivée de la pompe OmniPod, deux types de pompe à insuline, la pompe à insuline traditionnelle avec tubulure, et la pompe « patch » sans tubulure.
Même si les indications restent les mêmes, les règles de prise en charge diffèrent, la pompe OmniPod présentant des particularités techniques très différentes. Après plusieurs mois d’observation des modalités de mise en œuvre des pompes patch les autorités de santé ont précisé au mois de juillet dernier via un nouvel arrêté ² certaines règles pour la pompe OmniPod :
– La pompe OmniPod n’est pas adaptée à tous les patients qui relèvent de l’indication de la pompe à insuline : en raison de la capacité de son réservoir d’insuline, elle n’est pas indiquée pour les patients dont les besoins sont supérieurs à 60 unités d’insuline par jour.
– Elle n’est pas non plus adaptée aux enfants pour lesquels un débit de base inférieur à 0,05 U/h est nécessaire.
– Si la prescription est faite pour un patient actuellement sous pompe à insuline avec cathéter, elle ne peut intervenir qu’à l’issue des quatre années prévues pour un changement de pompe, sauf situation médicale du patient réellement justifiée.
Les particularités techniques de la pompe OmniPod :
L’OmniPod est une pompe à insuline dite « patch » car il n’y a pas de tubulure reliant la pompe à la canule. Le dispositif est composé de deux éléments :
– le Pod : contenant un réservoir de 200 unités d’insuline, une canule souple, un introducteur, une pompe et des piles, il est directement appliqué sur la peau.
– le PDM : télécommande utilisée pour piloter le Pod.
Les Pods contiennent à la fois des déchets d’activité de soins à risque infectieux (Dasri), et des déchets d’équipements électriques et électroniques (filière DEEE). Les Pods usagés ne doivent donc pas être éliminés avec les ordures ménagères. Un circuit de gestion de ces déchets devrait être mis en place d’ici la fin de l’année.
La pompe OmniPod peut présenter des avantages par rapport à une pompe traditionnelle du fait de l’absence de cathéter qui résout des problèmes de port de pompe lié à la présence de la tubulure, et peut aider à l’appropriation par le patient de son traitement et améliorer son quotidien (cathéter arraché, discrétion…).
En synthèse
L’arrivée d’une innovation thérapeutique entraine des changements dans nos pratiques. Il est de notre responsabilité commune de bien suivre les recommandations d’usage des différents dispositifs médicaux afin de garantir le maintien d’un suivi médical de qualité et d’une prise en charge à 100% des frais liés à cette affection.
¹ Arrêté du 10 novembre 2000 modifiant le titre Ier du tarif interministériel des prestations sanitaires et relatif aux systèmes actifs pour perfusion à domicile
² Arrêté du 3 juillet 2017 portant modification de la nomenclature relative à la pompe à insuline externe sans tubulure extérieure MYLIFE OMNIPOD de la société YPSOMED inscrit au titre Ier de la liste des produits et prestations prévue à l’article L. 165-1 du code de la sécurité sociale